Billet Politique – La solidarité
Ne tombons pas dans le piège de la remise en question des valeurs et du principe de SOLIDARITÉ !
Billet politique rédigé à partir des interventions de Pierre Reman, Président de la Fédération MOC de Namur et Youssef EL OTMANI, du Service étude de la CSC à la Commission Sociale Régionale de Liège le 22 mars 2018.
Depuis sa création, Énéo a toujours mis en avant ses valeurs et en particulier la valeur de solidarité. Aujourd’hui, alors que 16% des belges sont pauvres, la solidarité est mise à mal. Il nous parait important de passer à la loupe l’idéologie qui la ronge.
Qu’est-ce que le seuil de pauvreté ?
Pour savoir si quelqu’un risque d’être pauvre, il faut comparer son revenu avec ce que gagnent les autres habitants de son pays. Une personne est sous le seuil de pauvreté si son revenu est inférieur à 60% du revenu médian du pays en question.
En Belgique, ce seuil est de 1.115 € par mois pour une personne isolée (chiffres 2016).
Qui sont les pauvres ?
- 45% des chômeurs sont pauvres (dont 20% en extrême pauvreté).
- 36% des familles mono-parentales (dont 17% en extrême pauvreté).
- 18,8 % des jeunes de moins de 18 ans, soit un jeune sur six ! (dont 7% en extrême pauvreté.
⇒ La Belgique est le pays qui a le taux de pauvreté d’enfant le plus élevé d’Europe.) - Le taux de pauvreté des aînés correspond au taux de pauvreté de la population. A savoir, 15% pour les aînés et 16% pour l’ensemble de la population.
cf. Etude d’énéo : Le panier du pensionné
Malgré cela, seuls 2,4% des belges n’ont pas accès aux soins de santé. Ce qui signifie que notre système de sécurité social est efficace. Cependant, nous sommes aux portes de l’abandon des plus faibles car 7% des plus bas revenus déclarent se passer de soins.
Ne pas confondre solidarité et assistance…
Un élément qui nous échappe parfois est la remise en question même de la valeur de solidarité au profit d’une soit-disant « responsabilité individuelle ».
Pour ne pas tomber dans le piège de la croyance que l’assistance sociale est un système plus juste, il faut bien faire la différence entre assistance et sécurité sociale.
- L’assistance, c’est l’ensemble des moyens que l’on met en œuvre afin d’aider les démunis à survivre, à subsister et qui ne cible que le public en difficulté (CPAS, Statut BIM, GRAPA, …).
- La sécurité sociale, c’est l’ensembles des actions (Allocations Familiales, soins de santé, allocation de chômage, …) mises en œuvre pour éviter à tous de se retrouver démunis à cause d’un accident de vie ou d’une étape de la vie (perte d’emploi, maladie, aidant proche, besoin de logement, scolarité…) et donc de se retrouver en besoin d’assistance.
Ce qu’on ne vous dit pas…
Il faut se rendre compte que l’idéologie néo-libérale a un véritable projet de société qui n’est pas dit et qui, par essence, remet en question le principe de solidarité.
Trois caractéristiques du libéralisme sont que :
- Les droits individuels doivent primer sur le collectif.
- La société ne peut fonctionner que grâce au marché.
- Le pouvoir de l’état doit se limiter aux fonctions de sécurité, justice et défense du territoire.
Le discours politique néo-libéral véhicule l’idée que la sécurité sociale ne fonctionne pas, qu’il y a beaucoup de pauvres et que c’est sur eux qu’il faut cibler les interventions.
Ce discours séduit à tort.
En effet, 16% de la population connait la pauvreté malgré la sécurité sociale mais 28% de la population échappe à la pauvreté grâce à la sécurité sociale. Donc si on supprimait la « sécu » c’est 43% de la population qui serait pauvre !
L’histoire l’a démontré, plus on met de moyens dans « l’assistance » au détriment de « la sécu », plus la pauvreté augmente. Concrètement, donner des moyens aux CPAS mais exclure les chômeurs de longue durée ou encore raboter les pensions légales et augmenter la GRAPA sont des non-sens et cultivent la pauvreté à la place de la résorber.
Et après ?
Il faut savoir, qu’en 2010, le gouvernement Belge s’était fixé l’objectif à l’horizon 2020 de diminuer de 320.000 personnes le nombre de personnes en situation de pauvreté. Mais aujourd’hui, en 2018, on a 141.000 pauvres en plus (soit un total de 2.365.000 personnes ).
Evolution du taux de pauvreté en Belgique depuis 2010 :
2010 | 14,6% |
2011 | 15,3% |
2012 | 15,3% |
2013 | 15,1% |
2014 | 15,5% |
2015 | 14,9% |
2016 | 15,5% |
2017 | 15,9% |
Face à ce recul social, la solidarité est le meilleur moyen de résister pour construire un monde plus juste.
C’est ainsi que les aînés d’aujourd’hui doivent réfléchir à la société qu’ils veulent demain, pour leurs enfants et petits-enfants.